Du mépris des monopoles

La technologie, c’est merveilleux… quand ça fonctionne. Dans le cas contraire, ça fait monter en flèche la production de cortisol et chuter dramatiquement la qualité du langage.

Depuis quelques mois, je n’arrive plus à télécharger des livres numériques de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BANQ). Au moment du téléchargement dans l’application Adobe Digital Edition, un message d’erreur s’affiche accompagné d’un code. Des recherches sur l’aide en ligne d’Adobe m’ont menée à une procédure que j’ai essayée de nombreuses fois, toujours sans succès, réinstallant à plusieurs reprises l’application ou cherchant des chemins de contournement. Je ne suis pas la seule à rencontrer ce problème puisqu’il est répertorié sur le site de la liseuse Kobo.

Mes proches connaissent ma pugnacité lorsque vient le temps de résoudre un problème technologique. Après des heures de pitonnage, j’ai tenté d’avoir du soutien de la part d’Adobe. Réponse : Adobe n’offre aucun soutien sur ce logiciel, ni par clavardage ni par téléphone, parce qu’il est gratuit. J’ai fait un appel à la BANQ. Une dame visiblement frustrée m’a répondu qu’eux-mêmes n’obtenaient aucune aide d’Adobe, ce qui les faisait mal paraître auprès de leur clientèle.

Ce qu’il faut savoir, c’est que la liseuse KOBO est actuellement la seule à permettre l’emprunt en bibliothèque en combinaison avec l’application Adobe Digital Edition. Cette énorme compagnie ne s’occupe que de ses clients payants, ce que je trouve proprement scandaleux étant donné qu’ils sont en situation de monopole dans cette affaire.

J’ai fermé mon compte Adobe et je me suis résignée à acheter des livres sur la boutique KOBO tout en pestant contre les prix trop élevés, sachant pertinemment que les écrivains reçoivent des droits d’auteur réduits pour les versions numériques de leurs oeuvres. Des livres numériques plus chers que la version de poche des livres papier, c’est carrément injustifié. 

C’est rageant de constater ces abus quand on connaît les difficultés des écrivains à tirer un revenu décent de leur métier.

La grande noirceur

Aussi apprécié que soit un livre par les instances chargées de distribuer les prix littéraires, il arrive occasionnellement que ce même livre nous tombe des mains. Ce qui fut le cas pour Querelle de Roberval dont je me suis tout de même astreinte à lire la moitié. Qu’est-ce qui ne m’a pas émue dans cette œuvre couronnée du prestigieux prix Ringuet décerné par l’Académie des lettres du Québec? Je ne saurais le dire avec précision. J’ai seulement été obligée de constater, à la page 104, que je ne trouvais aucun plaisir à cette violente charge contre les dérives du capitalisme dont je partage par ailleurs les constats. Tout comme je ne pouvais m’attacher aux personnages. Deux extraits pourront vous permettre de vous faire votre propre idée du style et du propos. 

D’abord cet incipit qui ouvre le récit avec fracas :

Ils sont beaux tous les garçons qui entrent dans la chambre de Querelle, qui font la queue pour se faire enculer. Il les enfile sur un collier, le beau collier de jeunes garçons qu’il porte à son cou comme nos prêtres portent leurs chapelets ou nos patronnes leurs colliers de perles. Querelle aime les petits garçons, les garçons sages de bonne famille et les mauvais garçons qui rôdent devant les portes de la prison, le soir, quand on libère pour la fin de semaine les détenus assoiffés de peau glabre et de fesses rondes et que les garçons vont défiler près des grillages, vers les voitures du parking qui les emmènent bien vite au premier motel sur la route. (p. 13)

Puis, cet extrait qui illustre le fond d’un autre thème majeur de l’oeuvre:

Malgré les journées qui s’allongent, la fatigue qui arrive avec le ciel noir, les travailleuses s’affairent à maintenir bien solidement ficelé le tissu de l’ouvrage robervalois. Et pourtant. Pourtant, c’est une bête beaucoup plus ignoble qu’elles nourrissent, un ordre beaucoup plus primitif. C’est que tout l’espace invisible entre leurs corps habitués, réglés à la tâche, tout l’air qu’elles rejettent en des soupirs blasés, toutes les pensées noires qu’elles acheminent tant bien que mal jusqu’à la fin de leur shift, tout cela ne leur appartient pas. Leurs gestes précis et ennuyés, l’énergie excessive dépensée à des corvées inutiles, souvent un peu botchées, ne sont pas, selon une loi plus ancienne que la thermodynamique, pure perte, mais gain véritable pour ces quelques patronnes qui, du haut d’une montagne, observent Roberval en caressant leurs colliers de perles. (p. 96)

Pour rendre justice à ce roman, je me fais un point d’honneur de vous mettre en lien avec d’autres commentaires beaucoup plus enthousiastes que les miens, dont celui de La Presse., et, du côté de la France, celui de Télérama. Également, un article du Devoir, qui relate la controverse suscité par la publication adaptée au lectorat français.

Kevin Lambert, Querelle de Roberval, Héliotrope, 2019, 277 pages

Le plus beau cadeau

Après une pause d’un an pour cause d’achats immodérés de meubles, le plus beau cadeau de Noël dont je puisse rêver était de nouveau sous l’arbre.

Quatorze objets enserrant leur mystère entre deux couvertures. Quatorze voix prêtes à me raconter une histoire pour meubler les sombres soirées d’hiver. Quatorze véhicules qui m’emporteront ailleurs, vers une destination inconnue… Des livres primés récemment, dont certains m’enchanteront et dont d’autres me tomberont peut-être des mains…fullsizeoutput_4793

  • Kazuo Ishiguro, Les vestiges du jour, Prix Nobel de littérature
  • Éric Vuillard, L’ordre du jour, Prix Goncourt
  • Maryam Madjidi, Marx et la poupée, Prix Goncourt du premier roman
  • Yannick Haenel, Tiens ferme ta couronne, Prix Médicis
  • John Edgar Wideman, Écrire pour sauver une vie, Le dossier Louis Till, Prix Fémina étranger
  • Kaouther Adimi, Nos richesses, Prix Renaudot des Lycéens et Prix du style
  • Olivier Guez, La disparition de Josef Mengele, Prix Renaudot
  • Daniel Rondeau, Mécanique du chaos, Grand prix du roman de l’Académie française
  • Pierre Ducrozet, L’invention des corps et Zarca, Panama Underground, Prix de Flore
  • Jean-René Van Der Plaetsen, La nostalgie de l’honneur, Prix Interallié
  • Christian Guay-Poliquin, Le poids de la neige, Prix littéraire France-Québec, Prix littéraire du Gouverneur général, Prix littéraire des collégiens, Prix Ringuet
  • Grégoire Bouillier, Le dossier M, Livre 1, Prix Décembre
  • Philippe Jaenada, La serpe, Prix Fémina

À suivre…

L’Archipel francophone

Tel était le thème du concours d’écriture de la dernière édition du festival littéraire, Les correspondances d’Eastman. Voici donc ma lettre fictive à Thérèse, un des nombreux visages qui nous étaient propo

sés pour stimuler notre imagination, lettre qui m’a valu l’honneur d’être finaliste.

Chère Thérèse,

Therese

Je suis de retour à la maison après mon séjour chez toi, où tu m’as accueillie avec tant de chaleur et de gentillesse. J’avais déjà trop tardé à faire la rencon

tre de mes lointaines cousines d’Alberta. Ce voyage est devenu pressant lorsque j’ai appris la grave maladie de ta sœur cadette.

Merci donc de m’avoir ouvert ta porte toute grande, de m’avoir guidée dans ta ville, d’avoir organisé un souper avec tes sœurs. Merci surtout de m’avoir ouvert ton cœur, d’avoir partagé avec moi tes peines et tes joies comme si j’étais une amie de longue date. J’en ai été profondément touchée.

Les propos que tu m’as tenus au sujet de ta piètre maîtrise du français m’ont particulièrement bouleversée. Tu ne t’exprimes correctement dans aucune langue, ni en français ni en anglais, m’as-tu dit avec dépit, les larmes aux yeux. La chance que tu as de parler deux langues ne te console pas de l’érosion de celle qu’on dit maternelle.

Tu m’as informée que, des six filles de la famille, seules les quatre aînées peuvent encore parler le français, mais, m’as-tu avoué, aucune ne peut le lire couramment. Elles se sont jointes à nous pour un souper de cousines. Encore là, j’ai été consternée d’apprendre qu’elles avaient hésité à accepter l’invitation, embarrassées en ma présence par leur niveau de langage. C’était à pleurer. Moi qui n’avais qu’un désir, créer des liens avec les filles de mon oncle, le frère adoré de mon père, et dont nous avions tant entendu parler. Malgré mon enthousiasme et mes efforts pour les mettre à l’aise, tes sœurs ont été peu loquaces. La conversation est demeurée malaisée, et elles sont rentrées chez elles très tôt.

Sur le vol de retour vers le Québec, j’ai beaucoup songé à tout cela. À cette désolation qui est la vôtre. Je crois que mon oncle et ma tante tenaient à vous transmettre le français en héritage. Or, après le primaire, vous avez dû fréquenter l’école anglaise et ce fut ardu. Toutes ont par la suite épousé un anglophone, toutes ont travaillé en anglais. Comme quoi, on peut être exilé à l’intérieur de ses propres frontières. En soi-même aussi lorsque ses limites érigent un mur infranchissable entre soi et les autres. Comme les îles que ne relierait aucun pont. Pourtant, quoi que vous en disiez, votre français a tenu bon et a permis des échanges intimes entre nous deux.

J’aimerais tant te consoler. Je sens bien cependant que la blessure est profonde, de l’ordre d’une amputation que ma visite a eu pour effet de mettre en évidence. Malgré tout, j’espère que nous saurons cultiver ce lien encore fragile, cette ébauche de passerelle que nous venons de créer. Après tout, nous habitons le même archipel, celui de la francophonie menacée.  

Avec toute mon affection,

Ta cousine du Québec

Plein la gueule!

Et voilà, c'est reparti pour nous en mettre plein la gueule! Des émotions, je veux dire. Quand c'est signé Marie-Thérèse Fortin, on sait que ça va être bon. Et pourtant, on reste estomaqué que ça le soit autant, meilleur encore que ce à quoi on s'attendait. Je parle du spectacle Ils ne demandaient qu'à brûler, au Cabaret d'Eastman, en cette première journée des Correspondances. Un florilège sur fond musical des poèmes de Gérald Godin et des chanson écrites ou interprétées (c'est pareil, car en les chantant, elle les recréait) par l'inoubliable Pauline Julien. Des mots qui nous rentrent dedans, portés par la voix magnifique et l'intensité poignante de Christian Vézina, par celle chaude et pleine de Marie-Thérèse Fortin et par le jeu inspiré d'Yves Léveillé. La puissance des mots lorsque la parole est incarnée, ancrée dans l'expérience pleine et entière, avec ses joies délirantes, ses peines sans fond, ses angoisses déraisonnables, ses colères noires, ses espoirs fous. Tout l'humain en synthèse dans Une sorcière comme les autres ou dans les Cantouques bien sentis de Godin. Et l'engagement, et l'espoir d'un pays. Les larmes aux yeux que j'ai encaissé tout ça. Touchée à l'os. Nostalgique aussi de cette époque où on a bien cru qu'on se le donnerait, ce pays. Faudra peut-être le faire autrement, me dit une amie, au sortir du spectacle. Oui, sans doute… Une chose est certaine, la parole est notre seul espoir, la parole et ce qu'elle permet de sauver ce qu'il y a d'humain dans la bête humaine.

Finaliste

fullsizeoutput_43c2Chaque année, j’assiste avec beaucoup de bonheur aux Correspondances d’Eastman. Cette fois-ci, j’ai eu envie de participer au concours. Il s’agissait d’écrire une lettre à un personnage imaginaire de la francophonie en choisissant parmi les quelques figures qui nous étaient proposées. On m’a informée cette semaine que j’étais finaliste. La conclusion dimanche prochain lors de la cérémonie de clôture des Correspondances…

Noël en été

Il faut que je partage ce plaisir avec vous : hier, des amis nous ont reçu à souper. On a bien bu, bien mangé et bien causé. Un beau moment d’amitié. Et comme si ce n’était pas assez, je suis repartie avec une boîte de livre qu’ils m’ont prêtés: 9 William Boyd, 6 John Le Carré et un Bernard Pivot. Noël en plein été, vous dis-je!

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La page blanche

fullsizeoutput_437cLa page blanche… Ce matin, après deux jours de travail à dégrossir mes personnages, à leur donner forme, couleur, odeur, ce matin, donc, je commence l’écriture de mon roman. Une histoire qui parlera de l’attachement, de ses angoisses, de ses obstacles. Seule dans un cocon douillet, en compagnie de deux chats turbulents et attachants. Et je bute sur la phrase magique qui va entraîner le reste de l’histoire à sa suite, facilement et sans douleur. Illusion. D’autant plus que je sais parfaitement que cela n’a aucune importance, que ces premières phrases de mise en train seront probablement effacées, que tout l’ouvrage peut être réécrit, réaménagé, chamboulé. Alors go!

Regards brûlants 

Très belle émission de La grande librairie, ce soir (23 mars 2017). Un thème qui me tient particulièrement à coeur en ce moment: la relation à la mère dans les romans. Dans Ma mère, cette inconnue, Philippe Labro s’acquitte de l’attente qu’avait formulée à son égard sa fratrie, soit d’écrire la vie singulière de leur mère. Anne Dauphine-Julliand quant à elle raconte la perte de son deuxième enfant, une petite fille, pour que ses frères, plus tard, bénéficient eux aussi de ce que la petite leur a appris, comment vivre au jour le jour, comment être heureux. Le titre a quelque chose de touchant, voire de bouleversant: Deux petits pas sur le sable mouillé. Abdallah Taïa, Marocain vivant en France, évoque sous le mode épistolaire sa relation de benjamin non désiré. Je passe sur les lauréates du prix France Télévision, toutes deux fort intéressantes pour souligner la présence de la grande écrivaine américaine qu’est Louise Erdrich dont j’avais lu avec beaucoup d’émotion Dans le silence du vent, un livre magnifique. Quelques-unes de ses œuvres ont été recommandées par François Busnuel, dont Le pique-nique des orphelins que je me propose de lire à la première occasion.

Comme toujours, des réflexions captivantes sur le rôle de l’écrivain, de la lecture, de la frontière poreuse entre réalité et fiction. Mais surtout, ce soir, ces regards, bleus ou sombres, tendres ou brûlants. Une douceur entre ces écrivains réunis autour d’une idée, le lien à la mère, et d’un désir, dire, raconter au plus près de la vérité, non pas celle des faits, mais celle des émotions.

Changement de saison, enfin!

Entre la fin de l’écriture d’un roman et son lancement s’écoulent plusieurs mois de travaux obscurs, mais combien nécessaires! C’est la saison du polissage, de la correction, de la mise en forme, de l’impression. Pour l’auteure, la saison de l’attente.

Bientôt, la saison de l’attente cédera le pas à La saison des mensonges. C’est le titre de mon petit dernier au lancement duquel il me fait un immense plaisir de vous convier.

La rencontre se tiendra le 10 décembre prochain, de 14 heures à 16 heures, à la Bibliothèque Monique-Corriveau, 1100 route de l’Église, arrondissement de Sainte-Foy. Vous êtes tous cordialement invités ainsi que toute personne intéressée, sans autres formalités. Venez partager mon bonheur et prendre un verre à la santé du dernier né.

Prenez note que le livre ne sortira en librairie qu’au début de janvier. Sachant que je serai à ce moment à l’extérieur du pays, mes éditeurs ont eu la gentillesse de me permettre de devancer le lancement. Profitez de cette chance de mettre la main sur votre exemplaire avant Noël et, pourquoi pas, de vous en procurer un deuxième à offrir comme cadeau d’hôtesse original à l’occasion d’une des nombreuses réceptions qui ponctuent la saison des festivités.

 

Deux heures de pur bonheur!

Mes enfants sont nés dans le quartier Montcalm. J’ai dû le quitter alors qu’ils étaient encore petits. Je suis revenue depuis près de vingt ans dans ce coin de ville que j’adore, un jardin à vrai dire. Je croyais connaître mon quartier… La promenade des écrivains, qui lui est consacrée, ébranle mon assurance et me le fait découvrir par les yeux des autres, ceux des écrivains qui l’habitent, et ceux de notre guide, Marie-Ève Sévigny.

Le site de La Promenade des écrivains annonce ainsi l’activité:

Montcalm, souvenirs d’hier et d’aujourd’hui

Appuyé au fleuve par sa falaise et ses plaines, le quartier Montcalm est une île dans la ville, où la sagesse des arbres centenaires se mêle au silence des augustes demeures victoriennes, ainsi qu’au brouhaha des cafés, théâtres, musée, galeries, épiceries fines… À l’occasion du centenaire de la fusion de la Ville de Montcalm à la Ville de Québec, neuf écrivains du quartier racontent la douceur de vivre : Guy Boivin, Esther Croft, Christine Eddie, Hans Jürgen Greif, Jean Lemieux, Claire Martin, Gilles Pellerin, André Ricard et Julie Stanton.

* Documentation : Réjean Lemoine, historien.

Rendez-vous coin Père-Marquette et De Lévis. Et nous voilà partis, au gré des lectures et des commentaires, pour un voyage dans l’espace et dans le temps, par rues et ruelles, par hier et aujourd’hui. Des voix racontent. On imagine la vie qui bat. Des enfants jouent, des vieilles remettent leurs pas dans ceux de leur jeunesse, des élèves reluquent avec envie la mixité dans la cour de l’école anglophone, de l’autre côté de la rue. Toutes les époques se mélangent. Par moments, comme dans un film d’animation, la ville se déconstruit, les anciens domaines refont surface, les belles demeures retrouvent leurs aises dans la verdure environnante. Ici une forge, là un verger. Pour un peu on entendrait le pas des chevaux. Puis, comme par magie, la ville se métamorphose, se reconstruit, rasant parfois l’histoire pour ériger sa modernité. Le décor se remet en place, désormais plus intelligible, plus habité.IMG_2135

On revient de cette incursion dans l’âme du quartier et de ses auteurs toute remuée, avec le goût d’arpenter de nouveau ses rues, de se perdre dans ses ruelles ombragées, de lire les livres de ceux et celles qui nous ont un instant, trop court, fait entendre leur voix, de les découvrir ou de les redécouvrir. Comme chaque fois qu’on se laisse atteindre par la parole des écrivains, on sent en soi la vie plus large et plus profonde.

La Promenade des écrivains, c’est une dizaine de circuits animés avec verve et humour par Marie-Ève Sévigny, écrivaine et journaliste littéraire. Deux heures de pur bonheur!