Le titre n’est pas joyeux, l’histoire non plus. La fin de Selb, quand on a aimé le personnage et qu’on sait d’avance que c’est le dernier tome d’une trilogie, c’est un peu triste. Au besoin, retournez à mes deux comptes rendus précédents, Fantômes sur le Rhin et Revoilà Selb !

Ce dernier opus traite de malversation bancaire et des alarmes d’un corps vieillissant. Selb est approché par le directeur d’une petite banque allemande pour enquêter sur la possible descendance d’une personne qui avait autrefois donné des sommes importantes à l’institution pour la sauver de la faillite, un chevalier blanc, dans le langage du droit financier. Le directeur veut s’assurer que personne n’est aujourd’hui susceptible de venir réclamer une part des avoirs de la banque. Or l’action du directeur est sans cesse entravée par son plus proche collaborateur, Samarine, un personnage trouble dont les motivations demeurent obscures à l’inspecteur. Deux personnes proches du directeur perdront la vie. La recherche de descendance du chevalier blanc s’avérera une façade à un objectif moins louable. Des ennuis de santé viendront entraver l’enquête de Selb. Il finira tout de même par identifier le ou les coupables, mais pourra-t-il s’assurer que justice soit faite ?
Est-ce du fait de Schlink ou de moi-même, ce roman me semble traîner une plus grande nostalgie que les deux précédents. Le passé de Selb lui pèse plus lourd. Son passé et celui de l’Allemagne, du nazisme, du régime communiste de l’Est et de sa terrible police, la Stasi. Et puis, son cœur menace de le lâcher. L’enquête avance par à-coups et semble toujours sur le point d’avorter. Pourtant l’inspecteur arrive à faire la lumière, mais ça n’a rien de jouissif pour lui-même. Ce qui n’empêche qu’il s’agisse d’un excellent roman dans lequel l’auteur se permet de s’écarter quelque peu des codes du genre pour nous offrir une histoire plus humaine que celle du super héros sans failles, ou du moins, dont la victoire finale est éclatante. Nous sommes ici dans plus de nuances, de demi-teintes. Et c’est très bien ainsi.
Je n’eus aucun mal à faire mes adieux à Berlin. Lorsque l’avion survola la ville en décriant un grand arc de cercle, le samedi matin, je regardai en dessous. Beaucoup d’eau, beaucoup de verdure, des rues droites, d’autres sinueuses, des maisons et des immeubles, des églises à clocher, d’autres à coupole — tout ce dont a besoin une ville. Je ne vois rien à redire au fait que Berlin soit une grande cité. Les Berlinois sont désagréables, leurs enfants mal élevés, leurs chauffeurs de taxi inhospitaliers, leurs policiers incapables et leurs portiers discourtois : dans une ville qui a été coupée du monde durant des décennies, il ne peut sans doute pas en aller autrement. Mais je n’aime pas ça. (p. 125)
Bernhard Schlick, La fin de Selb, Folio policier, 2001, 310 pages








Laisser un commentaire