C’est ma première rencontre avec Emmanuel Carrère, un écrivain qui suscite ma curiosité depuis un certain temps. C’est à la fois le titre, Yoga, et les commentaires dithyrambiques de François Bunnel qui ont motivé l’achat de ce bouquin. Je savais vaguement que ça parlait des problèmes de santé mentale de l’auteur, sans plus.

Ces lignes désabusées, je les ai écrites au printemps 2017, deux ans après les faits que je rapporte, dans une chambre de l’hôpital Sainte-Anne où, entre deux électrochocs, j’essayais de tenir en laisse mon esprit erratique et délabré en ravaudant ce récit. Mais ce n’est pas sous cette lumière cruelle que je voyais les choses ce soir du 7 janvier 2015, tandis qu’une pluie drue criblait la terre molle et noire du jardin et qu’allongé sur le lit étroit de mon bungalow, dans une ferme isolée du Morvan, j’attendais l’heure du dîner. Je me voyais à ce moment-là, peut-être pas comme un homme calme, apaisé et serein, pas tout à fait, pas encore, mais au moins comme un homme qui n’était plus pathétiquement névrosé. La santé psychique, selon Freud, c’est d’être capable d’aimer et de travailler, et depuis bientôt dix ans j’en étais à ma grande surprise devenu capable. On me l’aurait prédit lorsque j’étais jeune, je n’y aurais pas cru. Je n’en attendais pas tant de la vie. (p. 39)
Ces quelques lignes, en début de livre, annoncent un cheminement en dents de scie d’un homme qui lutte férocement pour trouver un certain bonheur, qu’il croyait à sa portée, ce que dément l’épisode des électrochocs. Je m’intéresse aux questions de santé mentale. Je fais aussi du yoga. J’était donc très intéressée à voir le lien que l’auteur ferait entre les deux. Et j’ai été déçue.
Disons d’emblée que j’ai lu ce livre avec plaisir. Carrère écrit bien, c’est un bon conteur. Mais… le titre d’abord. Il est très peu question de yoga dans ce livre, mais bien davantage de méditation. Peut-être Carrère en fait-il une seule et même chose, mais ce n’est pas mon cas. D’autre part, son récit m’a plusieurs fois donné l’impression d’un éparpillement, d’une narration d’anecdotes dont les liens avec l’ensemble du projet ne me paraissaient pas évidents. En bref, bien qu’agréable lecture, je reste avec une impression de légèreté quelque peu décevante.
Emmanuel Carrère, Yoga, P.O.L. Folio, 2020, 438 pages









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