Du bonheur dans les oreilles

Je me suis plainte à quelques occasions de l’ombre que la passion du tricot faisait à celle de la lecture. J’avais tout faux. Si les mains sont prises, les oreilles, elles, ne demandent qu’à batifoler. J’ai découvert le plaisir du livre audio pendant les longues plages monotones du tricot, quand s’enchaînent durant des heures les mailles toutes semblables. Mais je n’avais pas pensé à vous rendre compte de ces plaisirs de lecture. Je fais donc un peu de rattrapage en vous parlant de mes trois auditions les plus récentes captées sur l’application Ohdio de Radio-Canada.

La banalité d’un tir de Mali Navia (3 h 07)

C’est une histoire d’exil, de déracinement. Elle nous est racontée par une jeune femme née de père colombien et de mère québécoise qui vivra entre le Québec et la Colombie, cherchant avec difficulté à s’enraciner dans l’une et l’autre terre, puisant en chacune nourriture et carence. Le père, lui, retournera en Colombie où le drame frappera. Cet événement traumatique viendra bouleverser l’équilibre précaire de la jeune femme et l’amènera à faire face à ses peurs et aux démons de son père pour peut-être y trouver un nouvel équilibre. Touchant, bien lu par Alice Pascual. À écouter absolument.

Prendre son souffle de Geneviève Jannelle (4 h 47)

Je vous l’avoue d’emblée, ce livre m’a particulièrement bouleversée par la proximité du récit avec ma propre expérience. Je ne serai donc pas très objective (mais l’est-on jamais ?). Anaïs raconte au je sa rencontre avec Éden, l’homme de sa vie, son grand amour, après beaucoup de tâtonnements et de déceptions. Or son amoureux semble fuyant en ce qui a trait à sa famille qu’elle n’a pas encore rencontrée, ce qui intrigue et inquiète sa conjointe. Mais, au bout d’un an de vie commune, il lui annonce son intention de lui présenter ses parents. C’est alors que notre narratrice apprend la cause de cette réticence. Son amoureux, tout comme un frère décédé et une sœur en fin de vie, est atteint de l’ataxie de Friedrich. Malgré les exhortations d’Éden visant à mettre fin maintenant à leur relation avant que son état ne se détériore, Anaïs décide de rester et d’assurer. Nous sommes dès lors entraînés avec eux dans la bataille de la maladie dégénérative, de l’amour qui tient bon mais des forces qui déclinent chez l’aidante tout comme chez le malade. Une histoire déchirante et lumineuse. Je n’en dis pas plus. Écoutez ce texte d’un peu plus de trois heures magnifiquement lu par la grande Karine Vanasse.

L’homme aux chats de Michèle Ouimet (6 h 50)

Screenshot

Ici, c’est Caroline Dhavernas qui nous fait la lecture de ce roman policier plutôt trash que nous livre la journaliste (à la retraite) de Radio-Canada. Un psychopathe sème la terreur dans Montréal en enlevant, martyrisant et tuant des femmes dont la dépouille est ensuite abandonnée dans la rue, un chat éventré accompagnant le corps. Il en est à son quatrième meurtre lorsque commence le récit. C’est le prétexte pour l’auteure de nous faire entrer dans l’intimité de Marie Pinelli, la journaliste qui couvre l’affaire, et de François Prévost, l’enquêteur principal. L’auteure creuse avec habileté les enjeux propres à chacun d’eux, leurs difficultés personnelles, leurs défis professionnels, leur espoir de coincer ce malade, leur collaboration secrète. Elle nous éclaire aussi sur l’enfance du meurtrier, sur les chemins obscurs que la vie lui a fait prendre et qui l’ont mené à ce besoin irrépressible de tuer. Un bon roman policier pour amateur de sensations fortes.


Une réponse à « Du bonheur dans les oreilles »

  1. Avatar de Trouver sa place entre deux mondes – Au bonheur des mots

    […] banalité d’un tir de Mali Navia. Je partage les avis positifs lus ailleurs et celui déjà sur ce blogue. C’est un récit touchant, livré avec souffle et, dans mon cas, narré avec douceur par […]

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