Je reviens à mon tour sur La banalité d’un tir de Mali Navia. Je partage les avis positifs lus ailleurs et celui déjà sur ce blogue. C’est un récit touchant, livré avec souffle et, dans mon cas, narré avec douceur par Alice Pascual. Le roman aborde plusieurs thèmes majeurs : le deuil, la quête identitaire, les racines. Dès les premières pages, j’ai aimé la précision du ton : des phrases simples, claires, mais pleines de force. Mali Navia écrit sans fioritures, avec une justesse qui va droit au cœur.
« J’ai un nom d’ailleurs, des yeux d’ailleurs, une peau d’ici, un accent d’ici. Mon étrangeté s’explique seulement quand je marche main dans la main avec mon papa. »
Un des aspects touchants pour moi est la manière dont l’autrice évoque la honte parfois ressentie face à ses parents, à ses origines — et surtout, la culpabilité d’avoir ressenti cette honte. Ce tiraillement entre l’amour, la loyauté, et le besoin d’être accepté dans un monde qui ne reflète pas ses origines. Une culpabilité portée en silence, une tension constante, subtilement explorée.
J’ai aussi été touchée par la relation entre les parents de la narratrice. Elle naît dans l’élan de l’attirance, mais ensuite, chacun semble chercher un équilibre à travers l’autre. Une dynamique très humaine, qui amène à réfléchir : peut-on vraiment se construire dans l’autre, ou faut-il d’abord se trouver soi-même ?
Enfin, le contraste entre les ambiances du Québec et de la Colombie est particulièrement bien rendu. Au Québec, une certaine réserve, une grisaille intérieure. En Colombie, les personnages semblent s’éveiller : soleil, musique, fêtes dans la rue. La vie au grand jour. Et pourtant, sous cette énergie vibrante, plane une menace sourde — le climat social et politique est instable, souvent violent dans cette Colombie des années 90.
Un roman lucide, sobre, profondément humain.
La banalité d’un tir a été sélectionné pour le Prix des libraires du Québec 2023 dans la catégorie Roman – Nouvelles – Récit.









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