Au bonheur des mots

Marc Levy est un prolifique auteur de romans. Un sentiment plus fort que la peur, publié en 2013, est son quatorzième et sera suivi d’une douzaine d’autres. Ici, Levy nous propose un jeu de pistes sur fond de scandale géopolitique. L’action se passe à New York, où Suzie Baker mène une enquête pour faire innocenter sa grand-mère accusée de trahison à son pays. Elle aurait tenté de faire passer des documents stratégiques en Russie avant de disparaître. Suzie ne croit pas à sa culpabilité. Elle s’adjoint Andrew Stilman, un célèbre journaliste du New York Times, qui se remet difficilement d’une agression armée à son endroit et de sa séparation d’avec Valérie, la femme qu’il aime toujours. Le tandem réalisera bientôt que leur quête de vérité a réveillé des forces obscures du côté des renseignements secrets et que leur vie est en jeu.

Dans un style sobre, efficace, utilitaire, l’auteur sait créer une certaine tension et garder notre intérêt tout au long du récit malgré quelques fils blancs un peu trop évidents. Les deux protagonistes ont un caractère bien trempé et attachant.

Extrait

Plus de trente quotidiens à travers la nation publiaient la même une, à quelques variantes près. Tous relataient dans leurs colonnes l’histoire de Liliane Walker, épouse du sénateur Edward Walker et mère d’une fille de dix-neuf ans, accusée d’espionnage pour le compte du KGB. Selon le Chicago Tribune, les agents venus procéder à son arrestation avaient trouvé dans sa chambre des pièces à charge confondantes, sa culpabilité ne faisait aucun doute. L’épouse du sénateur notait les conversations qu’elle entendait dans le bureau de son mari et avait subtilisé la clé de son coffre-fort pour photographier des documents qu’elle s’apprêtait à revendre aux communistes. Le Dallas Morning News affirmait que sans l’intervention du FBI nombre d’installations militaires et de contingents de soldats engagés au Vietnam auraient été victimes de la haute trahison de Liliane Walker. Prévenue par des complices selon les uns, par un agent double, selon d’autres, elle avait pris la fuite, échappant in extremis à ceux qui venaient l’interpeller. (p. 176)

L’histoire fictive mise en scène par l’auteur s’inspire de faits réels, comme en fait foi la bibliographie présentée à la fin du livre. Sans être un grand roman, Un sentiment plus fort que la peur reste un bon moment de lecture pour les amateurs de romans d’action et de romans policiers.

Marc Levy, Un sentiment plus fort que la peur, Robert Laffont, 2013, 417 pages