Dans Francia, la prolifique Nancy Huston nous livre un complexe envers du décor.
Rubén, un jeune Colombien, devient Francia, une femme trans prostituée dans son pays d’adoption, au Bois de Boulogne. Emphatique et chaleureuse, Francia est d’une résilience et d’une générosité sans bornes. Si elle est elle-même lumineuse, son expérience oscille entre lucidité et rêverie, entre violence et tendresse.
Le roman est entrecoupé de quelques pages sur ses clients, saisis dans leur état d’esprit alors qu’ils se dirigent vers le Bois. Cette alternance de voix donne du rythme au récit et permet de souffler entre des passages parfois très durs. Les changements de ton sont bienvenus : ils ouvrent une porte vers d’autres perspectives, d’autres fragilités.
« Au Bois, les gestes peuvent être durs, mais parfois, il y a des mains qui tremblent en cherchant de la douceur. »
L’ensemble est livré par Nancy Houston sans le moindre jugement, même pour les personnages les plus troubles.
Ce livre lève un coin du voile sur un monde qu’on ne voit pas — dans mon univers du moins — et qu’on préfère souvent ne pas voir. Pourtant, il est bien réel. Peuplé d’êtres brisés, boiteux, tordus… qui sont parfois le bien, parfois le mal. Et parfois les deux à la fois.
Ce roman m’a touchée, mais je dois dire que Lignes de faille m’avait laissée une empreinte plus profonde encore.









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