J’ai écouté Naufrages de Biz avec un plaisir dont je vous ai fait part dans mon précédent billet. J’ai tout autant apprécié la lecture de Dérives du même auteur. Première fiction du rappeur des Loco Lokass, on constate, dans ce court roman, qu’il maîtrise déjà la remarquable capacité à identifier et nommer les émotions, les sentiments, les états successifs et changeants qui assaillent le narrateur. De même pour sa verve, sa virtuosité de la langue, l’originalité de son style.

Ici, le narrateur nous entraîne dans son expérience de nouveau père. L’arrivée d’un fils désiré ne se passe pas comme prévu. La joie anticipée n’est pas au rendez-vous. S’en suit une sévère dépression dépeinte dans une alternance de courtes descriptions factuelles et oniriques, entre les problèmes quotidiens et la dérive imaginaire dans un marais, avec pour toute arme une pagaie pour faire avancer son radeau.
extrait
Comme l’or en temps de crise, mon lit était devenu une valeur refuge que je ne voulais plus quitter. Non pas que j’y étais particulièrement bien, mais c’était là où ça allait le moins mal. À l’instar d’un Marat dirigeant la Révolution française de son bain, mon matelas était devenu le quartier général de mon dépérissement. La nuit, c’était le théâtre de rêves boueux et monochromes. Le jour, c’était un abri chaud et confortable qui me protégeait des agressions du monde extérieur. (p. 15)
Le seul reproche que je pourrais faire à l’auteur serait la brièveté de ses œuvres. On en prendrait davantage!
Biz, Dérives, Leméac, 2010, 94 pages









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