Avant de lire Pleurer au fond des mascottes, je connaissais peu de choses de Simon Boulerice. Une vague idée de son visage et, par quelques chroniques entendues à la radio, l’impression d’un homme créatif et « speedé », doté d’un bon sens de l’humour. C’est très peu compte tenu de la riche feuille de route de ce créateur un peu déjanté, ce touche-à-tout hyperactif, dont, notamment, une cinquantaine de publications !

Celle qui nous occupe aujourd’hui s’appelle donc Pleurer au fond des mascottes. Un objet curieux, hétéroclite, intéressant, que j’ai dévoré dans une même soirée, mais qui m’a tout de même laissé sur mon appétit. Le récit-essai (c’est le mot qui me semble le plus approprié) se compose de trois parties dont seule la dernière respecte une certaine chronologie. Sinon, on peut parler d’un ensemble de fragments, lesquels, par bonds en avant ou en arrière, tracent un certain récit de la vie de l’auteur, de l’enfance à aujourd’hui, sans but d’exhaustivité. On le suit dans son désir et ses efforts d’apprendre à devenir comédien. De façon plus globale, ça parle de la tristesse qui se cache derrière un sourire inextinguible, de l’humain qui se camoufle au cœur de la mascotte, des masques que chacun porte pour affronter la vie en société. Simon Boulerice, servi par sa grande culture, nous propose une intéressante réflexion sur ce thème. Mais de la tristesse en question, de l’enfance difficile, de l’intimidation à l’école, on n’en saura pratiquement rien. Juste qu’elles ont existé. Mais sans qu’on y ait accès. D’où mon appétit insatisfait. Peut-être a-t-il couvert ce thème dans d’autres écrits et ne sent-il pas le besoin de s’y attarder ici ? N’empêche…
Son style est comme la structure du récit : éclaté, déjanté, pétillant.
Je suis aussi en 3e année à l’école de théâtre quand le bruit circule : on recrute des acteurs « physiques » pour incarner les Boules Loto-Québec, des mascottes d’où émerge le visage du personnificateur. J’envoie mon CV sans y croire, mais je surligne néanmoins mes cours de ballet classique, de commedia et de mime, tous préalables à ma formation actuelle. Mon initiative est récompensée : je suis invitée à une audition. […]
La consigne est claire : « Vous ne devez pas parler pour ne pas tuer la magie. » […]
Je me tais et c’est là que je semble le plus chargé. Suzanne disait bien que « la présence scénique dépasse les mots ». Et pour être présent, ça, je le suis.
Le problème est là : quand je parle, il y a une telle générosité encombrante que ça se bouscule au portillon, ça déferle en furie, les mots affluent, poussent les uns sur les autres, se piétinent, s’escamotent, s’amochent. Ma parole est une ouverture de Walmart un jour de Black Friday, ou de Costco, à la suite d’une annonce de pandémie.
Suis-je le plus moi-même dans mes logorrhées ou mes silences ?
Pleurer au fond des mascottes se lit facilement, agréablement. La métaphore de la mascotte comme mode d’abri du regard de l’autre est intéressante. J’aurais aimé un peu plus de profondeur.
Simon Boulerice, Pleurer au fond des mascottes, Québec Amérique, 2020, 185 pages









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