Quelle belle trouvaille que ce Fabiano Massimi, auteur de L’Ange de Munich, livre choisi au hasard chez Kobo, parce que j’avais besoin de lecture sur ma liseuse en vue d’une semaine aux Îles-de-la-Madeleine ! Et quel plaisir de découvrir qu’il y a une suite à ce roman mettant en scène l’inspecteur Siegfried Sauer !

L’Ange de Munich est une fiction basée sur des faits réels. En 1931, une jeune femme, Angela Maria Raubal, est retrouvée morte dans l’appartement de son oncle, qui en est aussi le tuteur. Tout laisse croire, au premier coup d’œil, à un suicide que, par ailleurs, personne de s’explique. Une mort qui pourrait relever du simple fait divers si la jeune femme en question n’était la nièce d’Adolf Hitler. Ce sombre personnage n’a pas encore été élu chancelier, mais il fait déjà trembler bien des tenants du pouvoir et ses émules sèment impunément la terreur dans les rues de Munich. Le directeur des enquêtes criminelles confie l’affaire au commissaire Siegfried Sauer et au sous-commissaire Helmut Forster avec ordre de boucler l’investigation dans un délai de 8 heures, délai bien trop court aux yeux des enquêteurs, et pour cause. En sous-texte et bien que le directeur le nie, le mandat consiste à confirmer l’hypothèse du suicide.
Et nous voilà lancés dans une enquête vite terminée selon la version officielle, mais qui se poursuivra officieusement pour enfin éclaircir, après mille et un rebondissements, la vérité que tous s’évertueront à cacher. L’auteur met en scène les ténors de l’horreur de la Deuxième Guerre mondiale, notamment Goering, Himmler, Gobbels, Heydrich et Hitler lui-même. Tous les faits attribués à ces acteurs sont basés sur une documentation impressionnante. Par contre, si le commissaire Sauer et son adjoint Forster ont bel et bien existé, tout ce qui les concerne relève de la pure fiction. Massimi se montre habile à créer des personnages forts et attachants. Tout comme il excelle à nous tenir en haleine tout au long de l’enquête.
Extrait
Helmut Forster, commissaire adjoint dans la police criminelle, était tout l’opposé de Sauer, et c’était peut-être pour cela qu’ils s’entendaient si bien, au travail comme dans la vie. Sauer était l’incarnation même de l’idéal nordique — grand, blond, un regard de glace, un visage taillé au couteau et parfaitement glabre. Avec son mètre soixante, Mutti lui arrivait tout juste à l’épaule, et sa peau mate, ses cheveux noirs, ses yeux marron et l’ombre de barbe qui résistait à son rasage quotidien lui donnaient l’allure d’un enfant des rivages ensoleillés de la Méditerranée plutôt que de la patrie allemande. Mutti était sorti de la guerre avec un appétit insatiable de nourriture, de bière, de cigarettes, de tout, que trahissaient la taille de ses chemises comme la légèreté de son portefeuille, déjà mis à l’épreuve par les besoins de la famille qu’il avait fondée quinze ans auparavant avec la douce Lina, originaire de l’Est. Sauer, qui n’était jamais affamé et n’avait pas une femme et trois enfants à nourrir, partageait volontiers ses repas avec Forster. C’était son meilleur ami et, si celui-ci en avait eu besoin, il lui aurait donné son salaire.
Si vous aimez les romans qui allient suspense et Histoire, comme savait si bien le faire le regretté Philip Kerr, ce roman est pour vous !
Fabiano Massimi, L’Ange de Munich, Albin Michel, 2020, version numérique.









Laisser un commentaire