J’ai terminé la lecture de Petit pays de Gaël Faye avec en disant simplement « ouf », encore empreinte de douleur. Pourtant, ce livre est avant tout d’une douceur désarmante. L’histoire débute dans ce petit coin du Burundi ou le jeune narrateur, Gaby rigole avec ses amis, dévore des mangues et rêve au retour de l’amour entre ses parents.
D’un père français et d’une mère réfugiée rwandaise, Gaby vit dans un quartier privilégié à l’abri de cette tension qui monte. Du moins pour un temps. Peu à peu, insidieusement, la haine s’installe – dans les conversations des adultes, dans des quartiers éloignés. Le drame, qui semble lointain, se rapproche peu à peu. Lorsque la violence éclate furieusement dans le pays voisin, puis déborde au coeur même de son univers, les repères de l’enfance finissent de s’effondrer.
Cette lente montée de la violence, racontée par cet enfant au coeur tendre avec une plume douce, presque poétique, rend la perte de l’innocence encore plus déchirante.
En filigrane, on ne peut s’empêcher de penser à notre propre monde. Je me sens si protégée au fond de ma forêt québécoise. Mais la haine est partout, souvent exacerbée en ce moment, et la ligne est mince avant qu’elle ne se traduise en actes.
Un magnifique roman, inspiré de la jeunesse de l’auteur, que je recommande chaudement. Une lecture qui, à mon sens, est un pas de plus vers la tolérance, l’acceptation de l’autre et la paix.
» … Bien sûr, il avait un certain charme, le paternel, avec ses yeux verts tranchants, ses cheveux châtain clair veinés de blond et sa stature de Viking. Mais il n’arrivait pas à la cheville de Maman. Et c’était quelque chose, les chevilles de Maman ! Ça inaugurait de longues qui mettaient des fusils dans le regard des femmes et des persiennes entrouvertes devant celui des hommes. »








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