Dépendance, quand tu nous tiens…

Me voilà de nouveau retombée sur mes pieds, ou presque, après une autre chevauchée sur l’infernale monture qu’est Jo Nesbø, auteur prolifique de thrillers haletants. Je vous renvoie à mes commentaires concernant le livre Police pour vous faire une idée de l’état dans lequel nous met une telle lecture.

Fantôme est immédiatement antérieur à Police, dernier livre de la série. Harry Hole revient de Hong Kong où il est allé cacher sa déchéance et tenter de dompter ses démons dont le pire est sans doute l’acool. Ce qui le ramène en Norvège? Son fils adoptif accusé du meurtre de son partenaire-dealer, Gusto. Nesbø en profite pour nous tracer un portrait dévastateur du business de la drogue dans son pays pourtant réputé pour sa qualité de vie. Encore une fois, il nous fait passer par toutes les gammes de l’émotion avant de conclure sur un Harry Hole baignant dans son sang avec une balle dans la tête. Or dans Police, on sait qu’il s’en remettra et qu’il deviendra professeur d’école de police. Je ne brûle plus que de lire toute la série des romans antérieurs à ces deux derniers opus de la série, en commençant par L’Homme chauve-souris.

Jo Besbø, Fantôme, Folio policier, 2014, 231 pages

Rodeo en Norvège

Le rodeo, vous connaissez, bien sûr, mais en avez-vous déjà fait ? Moi oui, sur les mots de Jo Nesbø. Pas le genre de brève cavalcade qui se termine au bout de quelques secondes par l’éjection du cowboy. Non. Des heures de soubresauts, de ruades, de convulsions, la cavalière lectrice solidement scotchée à la monture, pour ainsi dire sans défense, et le pire, savourant son supplice.

Cette torture volontaire, c’est Police, dixième aventure de l’inspecteur Harry Hole, qui me l’a procurée.

En Norvège, un tueur élimine un à un des policiers qui ont participé à des enquêtes non résolues, semant la terreur dans la Brigade criminelle d’Oslo. Ces assassinats ont en commun d’être commis à la date anniversaire du crime et sur les mêmes lieux. L’enquête piétine, les enquêteurs étant incapable de résoudre l’énigme. Il leur manque leur plus fin limier, Harry Hole qui s’est retiré du service pour se consacrer à l’enseignement, à l’Institut de Police d’Oslo. Pas reposant cet homme, tourmenté, mais brillant! À tel point que les détectives assignés à l’enquête feront tout pour qu’il s’implique dans l’élucidation du mystère. Ce qu’il fera finalement, faisant monter notre niveau d’adrénaline d’un cran.

UnknownImpossible de résumer cette histoire dans laquelle les meurtres s’accumulent, les meurtriers se croisent, les fausses pistes nous égarent, nous essoufflent. On sourit parfois au machiavélisme de Nesbø. Il nous tient en laisse et nous mène où bon lui semble. En bout de course, toutes les affaires, ou presque, seront élucidées, non sans avoir servi au lecteur un dernier et spectaculaire rebondissement, non sans l’avoir, encore une fois, trompé avec un sadisme certain.

On se demande bien, en fin de compte, ce qui peut nous amuser autant dans cette histoire sanguinolente, dans tous ces crimes crapuleux, mais le fait est que j’ai passé un excellent moment avec le grand Harry Hole.

Jo Nesbø, Police, Folio policier, 2013 (2015 pour la version numérique), 489 pages

 

En attendant le mien…

Parution de mon prochain roman : changement de date

Je vous annonçais récemment, et avec beaucoup d’enthousiasme, la parution, le 7 septembre, de mon prochain roman. En fait, le calendrier d’édition a été revu et mon livre sortira plutôt en janvier 2017. Je vous tiendrai au courant de la date précise de disponibilité du livre en librairie et de celle du lancement qui aura lieu en décembre.

Sur la route

Après m’être plongée dans La Fin de l’homme rouge, de Svetlana Alexievitch, j’ai choisi, pour la conclusion de mon séjour en Floride et pour les jours de transit nécessaires à notre retour au Québec, des lectures plus légères… si on peut les qualifier ainsi… Trois enquêtes, deux scandinaves et une québécoise.

De la fumisterie pour tous

La fiancée du facteur, petit opus de Denis Thériault, nous entraîne dans une aventure mettant en scène Tania, serveuse de restaurant, amoureuse de son métier et, de jour en jour plus éprise de Bilodo, un facteur plutôt taciturne, qui fréquente facteurquotidiennement le Madelinot où la jeune femme officie. Ses timides, mais persévérantes manœuvres pour attirer l’attention du jeune homme demeurant sans effet, Tania en viendra à user de supercherie pour arriver à ses fins. Ses investigations secrètes et ses mensonges entraîneront les deux protagonistes dans une série de péripéties assez fantaisistes.

La fiancée du facteur, qui n’est nullement un roman policier, nous est livrée sur un ton badin, léger et japonisant, en ce que l’histoire est truffée de haïkus, ces petits poèmes de trois vers et vingt-sept syllabes, et de ses formes associées, les tankas et les renkus. Sa conclusion a aussi quelque chose de très oriental. Malgré la notoriété de l’auteur j’ai modérément apprécié.

La vengeance est un plat qui se mange froid 

J’ignore qui a prononcé pour la première fois cette phrase cynique, mais elle s’applique parfaitement à l’œuvre de Jo Nesbø, sobrement intitulée Le fils. Un jeune homme, Sonny, accepte de s’avouer coupable de meurtres qu’il n’a pas commis en contrepartie d’un approvisionnement continu en héroïne. C’est que le suicide de son père, policier de son état, a complètement déséquilibré l’ado qu’il était et l’a fait plonger dans l’enfer de la drogue. nesboOr en prison, il apprendra que le suicide n’en était pas un et connaîtra l’identité et les circonstances de la mort de son père. Du coup, une irrépressible mécanique se mettra en marche. Sonny s’évadera de la prison et entreprendra de le venger. Or la vérité s’avérera beaucoup complexe qu’elle n’en avait l’air au début. Simon Kefas, l’inspecteur responsable de l’enquête, mettra au jour une puissante organisation criminelle impliquée dans de sordides affaires de drogue et de traite de femmes.

Le fils est le genre de livre qui vous visse à votre siège et perturbe votre sommeil. L’histoire est menée de main de maître par un pro du roman policier norvégien. J’ai adoré.

Des gènes en héritage

jarresLe dernier roman, dont j’ai lu la conclusion dans une chambre d’hôtel de Binghamton, dans l’état de New York, m’a tout autant fasciné que le précédent. Il s’agit de La cité des Jarres, de Arnaldur Indridason, un maître islandais du roman policier. Le meurtre d’un homme solitaire et apparemment sans histoire prendra des proportions tout autres à mesure que Erlandur, le détective chargé de l’enquête, découvrira les ramifications qui lient ce meurtre et des événements vieux de quarante ans, notamment le viol d’une femme, la grossesse qui en a résulté et la mort de la fillette quatre ans plus tard. L’étude du génome de la population islandaise livrera les clés des portes qui s’étaient refermées sur les secrets du passé.

Le style de l’auteur, sa manière de mener l’histoire tout doucement, mêlant vie privée et détails de l’enquête, son détective, farouche, taciturne, négligé et vulnérable, tout cela n’est pas sans rappeler les œuvres du regretté Henning Mankell et son inoubliable Wallender. Indridason sait doser les faits et les émotions pour composer un récit qui nous tient et nous nourrit à la fois. Une bien belle lecture!

 

Denis Thériault, La fiancée du facteur, XYZ, 2015, 135 pages

Jo Nesbø, Le fils, Gallimard, 2014, 515 pages

Arnaldur Andridason, La cité des Jarres, Éditions Métailié, 2000, 263 pages