Laisser partir

Lecture d’avion et d’insomnie, Les lendemains de Mélissa da Costa sait bien meubler ces heures de captivité.

Le propos

Amande, jeune femme enceinte, perd son amoureux un soir de Fête de la musique, à Lyon. Accident de moto. Le choc de cette mort tragique provoque un accouchement hâtif et la décès de son bébé.

Effondrée, Amande quitte son travail et son appartement pour s’enterrer dans un maison qu’elle trouve à louer en Auvergne. Le livre nous raconte la première année de deuil d’Amande, son dépérissement et sa lente remontée vers la lumière et la vie. C’est une histoire de résilience qui fait la part belle à une vieille maison, à un chat égaré, à un jardin, aux amitiés et aux tendresse. Du Da Costa, quoi. Si vous avez lu et aimé Tout le bleu du ciel, vous ne serez pas dépaysés.

L’échantillon

La vie a repris malgré la douleur, malgré l’impression que plus rien ne sera jamais pareil, que le monde s’est arrêté. Pas pour moi… Moi, je suis restée loin de tout, du bruit, de l’agitation, de l’existence du commun des mortels. Je suis restée dans ma maison, à fixer des objectifs loufoques sur mon mur et des couleurs dans mon saule. Ce n’est pas la vie normale, c’est une autre vie que je m’efforce de bricoler, une vie sur mesure, qui s’adaptera à mes pas hésitants et laissera de la place à mes deux absents.

Les lendemains, c’est une histoire faite de micro événements, sans péripéties excitantes. L’arrivée d’un chat abandonné ou l’émergence des fleurs au printemps en constituent les événements. Pour amateur d’histoires lentes et réconfortantes.

Mélissa da Costa, Les lendemains, Éditons Albin Michel, 2020, 384 pages

On m’avait bien conseillée. J’ai adoré Tout le bleu du ciel de Mélissa da Costa. Une histoire tragique qui nous met pourtant du baume au coeur.

Le sujet

«Émile, 26 ans, apprend qu’il souffre d’une maladie dégénérative affectant ses fonctions cognitives, une forme rare d’Alzheimer, et qu’il lui reste tout au plus deux ans à vivre. Le jeune homme refuse ce qui l’attend: la peine et la compassion des proches, les tests cliniques inutiles. Il ne veux pas que ses amis et sa famille le voient dépérir. Il achète donc un camping car et place une annonce sur un site de rencontre, à la recherche de quelqu’un prêt à le suivre et à le soutenir dans cette ultime escapade. Contre toute attente, une jeune femme, Joanne, répond à l’annonce. Et les voilà partis sur les routes des Pyrénées, sans plan précis. Et nous aussi, complètement fascinés par leur odyssée.

Impressions

Sans trop dévoiler de quoi sera fait le voyage, je crois qu’on peut dire qu’il se révélera un puissant révélateur pour chacun des deux protagonistes. Il y a du chagrin dans cette histoire, du courage, de l’amour, de la résilience. Un bain de nature, d’art, de culture. Une lecture touchante et réconfortante.

Un échantillon

Il la regarde, assise tranquillement sur la petite marche du perron, les yeux rivés vers le ciel. Il se revoit à côté d’elle, quelques secondes plus tôt, avec son sourire débile de garçon immature, quand elle a parlé d’extase. Il se demande ce qu’elle fait avec un type comme lui. Elle aurait pu lui dire, simplement, qu’elle avait besoin de calme. Il serait reparti, légèrement ivre, dans la cour intérieure et il aurait repris une discussion un peu vide de sens avec un des convives.

Mélissa da Costa, Tout le bleu du ciel, Le livre de Poche, 2020, 838 pages

L’avis du journal Le Soleil

Histoire sombre

La doublure de Mélissa Da Costa, une grosse brique de 567 pages, raconte une histoire sulfureuse. 

Une jeune femme est engagée par une artiste peintre pour devenir sa doublure, c’est-à-dire son visage public. Évie sera donc celle qui personnifiera Clara Manan, alias Calypso Manan de son nom d’artiste, dans les vernissages et les apparitions publiques. 

L’auteur met en place, petit à petit, les rouages d’un univers de rouerie, de drogues, d’échangisme. Pour amateurs de romans sombres aux accents gothiques. 

Mélissa Da Costa, La doublure, Albin Michel, 2022, 567 pages