J’avais beaucoup aimé Bondrée, une œuvre couverte de prix, parue en 2016. Avec Baignades, la talentueuse Andrée A. Michaud sait encore une fois faire dresser les poils sur nos bras dans un suspense réussi, mais moins complexe que le précédent.
Max et Laurence se paient de petites vacances sur un camping, dans une roulotte empruntée. Le décor lacustre est charmant, le couple va enfin pouvoir se reposer un peu. Ils ont une petite fille de cinq ans, Charlie, qui se baigne nue sous le regard vigilant des parents. Le soleil est bon, le vin délicieux. C’est prometteur. Jusqu’à ce que le propriétaire vienne les engueuler et leur intimer l’ordre d’habiller leur fille. Ce qu’ils font de mauvaise grâce. Et jusqu’à ce qu’un couple de voisins compatissants se joignent à eux pour le BBQ et que l’homme prenne la petite sur ses genoux. À partir de ce moment, plus rien ne va et plus rien n’ira.

Le récit est divisé en deux parties. À la fin de la première, on a l’impression que l’affaire est conclue. La suite intrigue jusqu’à ce que l’on comprenne par quel rebondissement l’autrice nous a piégés. Ce roman relativement court nous capte dès les premières pages et ne nous laisse pas en paix avant la fin. On retrouve dans cette histoire des éléments très présents dans Bondrée — l’eau, la forêt, la pluie, les orages, l’obscurité — dont se sert Andrée A. Michaud pour créer une atmosphère inquiétante, nous faire ressentir la panique ou la terreur qui s’empare des personnages. L’extrait suivant est éloquent quant au talent de l’autrice à cet égard.
Extrait
Quelques secondes plus tard, elle pataugeait dans les rigoles. Max ! s’arrachait les poumons à hurler, Max, saint simonaque ! effrayée de ne pas le trouver à l’arrière du véhicule, ni devant, ni dessous à évaluer les dégâts ou à réparer une pièce, Max, t’es passé où, joualvert, revenant dans la roulotte chercher une lampe de poche, pas celle dont elle s’était servie tout à l’heure, Max l’avait prise, fouillant en vain dans les tiroirs et les compartiments, ses longs cheveux dégoulinant sur sa poitrine, tout va bien, Charlie, raconte une histoire à Bobby, jetant au sol les objets inutiles, mettant enfin la main sur ce qu’elle cherchait, tu restes là, Charlie, je t’aime, trébuchant sur elle ne savait quoi, puis s’arrêtant juste avant de sortir, ses longs cheveux plaqués sur le visage. (p.30)
Je conseille fortement ce livre aux amateurs et amatrices de roman policier pour qui compte aussi la qualité littéraire de l’œuvre. Car elle écrit vraiment bien, Andrée A. Michaud !
Andrée A. Michaud, Baignades, Québec Amérique, 2024, 310 pages









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