Le caméléon. Mémoires d’un agent du FBI infiltré est le récit haut en couleur de la trentaine d’années que Marc Ruskin a passées à endosser des personnalités changeantes afin d’infiltrer divers milieux criminalisés. On y découvre les innombrables ruses dont sont capables des hommes et des femmes pour s’enrichir, du petit criminel véreux en passant par la mafia et le monde politique. Bien qu’on sache que la magouille, la corruption et le crime existent, la descriptions détaillée des stratagèmes employés rend le tout plus concret et plus effrayant.

Malgré la grosseur de la brique, la variété des cas présentés par Ruskin, la qualité du style ainsi qu’un sens certain de l’humour font en sorte de maintenir notre intérêt tout au long du récit. Le temps et les efforts de préparation des opérations d’infiltration ainsi que le nombre de personnes qui doivent orchestrer leurs actions, parfois sur plusieurs années, pour mener à bien ces intrusions dans le monde du crime et entraîner des condamnations sont impressionnants.
Extrait
Le rasta se tenait devant la boîte de nuit défraîchie, ses dreadlocks s’échappant du traditionnel bonnet tricoté aux couleurs panafricaines, sa chemise à demi déboutonnée révélant des muscles tendus. Une bière à la main, il était en grande conversation avec un mafieux entre deux âges, râblé, cheveux gris argent, cigare dans sa main épaisse, grosse bague ornée d’une pierre, costume légèrement satiné. Une certaine idée de l’élégance. De l’ombre est sorti un biker, ses bras musclés et tatoués mis en valeur par le gilet en cuir aux couleurs d’un gang de motards. Un sourire cruel s’est dessiné sur son visage barbu, révélant des dents tachées. L’étrange trio s’est tourné dans un même mouvement vers le banquier. Bien mis dans son costume de bonne facture et les cheveux soigneusement peignés, il tenait un porte-document contre lui, ses mains manucurées plaquées sur le cuir brun. À ses côtés, un homme blond au regard bleu acier — il aurait été parfait sur une affiche de propagande des jeunesses hitlériennes — lui servait de garde du corps, sourire insidieux et quelque chose de militaire dans sa façon de se tenir. Sur le revers de sa veste, un insigne avec les deux éclairs ses Waffen-SS trahissait son appartenance à la mouvance néonazie. p. 285
Un livre intéressant pour toute personne qu’intéresse la réalité d’un monde underground et omniprésent dans toute société humaine.
Marc Ruskin, Le caméléon. Mémoires d’un agent du FBI infiltré, Hugo Doc, 2022 (pour la version française), 482 pages









Répondre à Lyse Lemieux Annuler la réponse.