Paul file un mauvais cotonđŸ©·

J’envie les gens qui savent dessiner. J’envie Michel Rabagliati. Je ne suis pas une habituĂ©e de ses bandes dessinĂ©es. Rose Ă  l’üle est ma premiĂšre vraie rencontre avec cet auteur qui trace sa route hors des sentiers connus. Et une bien belle rencontre. Rabagliati innove en s’écartant ici de ses habituelles BD, mettant en scĂšne Paul son alter ego, pour nous offrir un touchant roman graphique. Le dessin y prend moins de place que dans ses autres Ɠuvres, mais quel dessin! Du coup de crayon minimaliste Ă  la page couverte d’une illustration qui n’oublie aucun dĂ©tail. Mais surtout, le coup de crayon qui traque l’émotion et nous la communique.

L’auteur identifie son propos comme de l’autofiction. Dans Rose Ă  l’üle, le narrateur vit une crise existentielle provoquĂ©e par une sĂ©paration et le deuil des parents. Sa fille, Rose, l’a convaincu de prendre une semaine de vacances sur cette Ăźle dont on ne donne jamais le nom, mais qu’on sait accessible au continent par un traversier qui part de Tadoussac. D’aprĂšs le dessin de Rabagliati, il semble bien que ce soit l’üle Verte, au large de RiviĂšre-du-Loup. Rose espĂšre que ce sĂ©jour dans la nature l’aidera Ă  surmonter ses sombres pensĂ©es. Une petite semaine tranquille, quelques rencontres, ils reprennent la route vers leur quotidien. On sent qu’il s’est passĂ© quelque chose
 

Comment en suis-je arrivĂ© là ? Il y a des jours oĂč je ne le sais plus vraiment. Avec le temps, c’est devenu flou. J’admets que je suis en grande partie responsable de mon naufrage, mais tout de mĂȘme. Il y a cinq ans que le navire a sombrĂ© et que je flotte, encore accrochĂ© aux dĂ©bris. Il faudrait tout de mĂȘme avancer un peu, regarder vers l’avenir, tirer des plans, ce genre de chose. Le passĂ© ne revient pas et l’avenir n’est pas encore lĂ , seul le moment prĂ©sent importe. Shit, je l’ai-tu entendue Ă  toutes les sauces, celle-lĂ . Aujourd’hui est le premier jour du reste de votre vie ! Ben oui ! Pis hier est le jour d’avant le premier jour du reste de votre vie et demain est le jour qui vient aprĂšs le premier jour du reste de votre vie. Gimme a break, simonac ! (p. 114)

Ça se lit le temps d’un apĂ©ro, sous la lampe, alors que dehors la nuit est arrivĂ©e en plein aprĂšs-midi ! Un apĂ©ro de bonheur !

Pour en savoir plus, cet article de La Presse

Michel Rabagliati, Rose à l’üle, La Pastùque, 2023, 247 pages


Laisser un commentaire

En savoir plus sur Au bonheur des mots

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accùs à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture