Un jour, Dieu sépara la terre et les eaux et il vit que cela était bon. Ce jour-là, il eut peut-être une distraction et oublia un large pas du sud de la Floride – les Everglades. La terre et les eaux s’y confondent. Seules quelques routes tracées de main d’homme, comme pour pallier la divine omission, permettent d’aller se faire une idée de cette partie de la création laissée en plan ; les éléments amalgamés y sont peuplés d’oiseaux et de reptiles. Il y règne sans contredit une atmosphère de début du monde. Une vastitude émouvante s’offre à la vue des humains stupéfiés. La vie humaine et la vie animale semblent pouvoir coexister sans heurts. Les oiseaux et les alligators se laissent approcher et admirer. En font-ils autant de ces bipèdes chamarrés et jacassiers qui les observent?
Au bout de quelques heures, on s’extirpe de ce coin de paradis, l’âme apaisée, pour replonger dans la trépidation des autoroutes surchargées. Automobilistes accrochés à leur téléphone, bouchons interminables, tôles froissées : toute agitation qui nous rappelle que ce paradis est menacé de disparition.
Inexorablement, l’humain étouffe ce qu’il aime.