Immortel, mais à quel prix?

J’ai été longtemps absente de mon blogue. La faute en revient en partie à la maladie du tricot qui s’est emparée de moi pour faire compétition à la lecture. Mais pas complètement tout de même. Durant cette longue absence, j’ai lu la moitié d’un roman magnifiquement écrit, mais qui n’a pas su capter mon intérêt. Je relis aussi, sur l’oreiller, À la recherche du temps perdu de Proust, qui demande beaucoup de temps, mais je ne le considère pas comme perdu pour autant 😉. Et j’ai lu Immortel. Le premier humain immortel est déjà né, de J. R. Dos Santos, une bonne brique de 654 pages.

Dos Santos, vous le savez peut-être, est très prolifique, pondant presque chaque année un roman impliquant une recherche exhaustive sur un sujet complexe. Celui-ci ne fait pas exception et la liste des sources s’étend sur 8 pages bien tassées. Ses romans constituent d’ailleurs d’étranges objets, à cheval sur le thriller et l’essai. Dans ce dernier, ce journaliste pédagogue tente de nous faire comprendre l’état actuel de l’intelligence artificielle (IA) et les perspectives qui en découlent, pour le meilleur et pour le pire. La vulgarisation du sujet qui sous-tend ce roman en fait un gros bouquin verbeux, mais combien instructif ! Jusqu’à la moitié du livre, on alterne sans presse d’un chapitre à l’autre, d’une conversation entre notre héros, Tomas Noronha et un spécialiste américain de l’IA à l’action d’un éminent chercheur chinois, Yao Bai. Et, tout à coup, l’action s’emballe et la tension est énorme jusqu’à la fin. 

Yao Bai, chercheur chinois, mène des recherches qui touchent la génétique et la quête d’une Intelligence supérieure. Lorsque le professeur réussit à transférer sa conscience dans l’ordinateur, tout dérape. Des catastrophes inexplicables frappent différents points de l’Amérique et il faudra toute l’intelligence et la pugnacité de Noronha pour stopper la force destructrice qu’a déclenchée cet événement incroyable, du moins temporairement… 

Extrait

On avait laissé l’intelligence artificielle réguler l’ensemble de la société. Elle était présente dans une infinité de secteurs, les marchés financiers, les infrastructures énergétiques, la distribution d’eau, les multiples réseaux de transport, le commerce, les usines et les hôpitaux, la police, les gouvernements, les forces armées. Les ordinateurs étaient dans les maisons, les bureaux, les voitures et jusque dans nos poches. L’humanité s’était livrée sans retenue à l’intelligence artificielle et elle en était désormais dépendante. À présent qu’Internet s’était réveillé, avec une conscience et une volonté propre, on découvrait qu’on était devenu ses otages. Que les machines avaient accumulé un pouvoir énorme. Que l’humanité s’en était aveuglément remise à elles. Et que personne ne l’avait prévu. (p. 449)

Immortel fait le tour de la question de l’IA, en parle de façon compréhensible et donne à réfléchir sur ce qui attend l’humanité, les espoirs et les risques que lui font courir cette inéluctable avancée technologique que constitue l’intelligence artificielle. 

J. R. Dos Santos, Immortel, Pocket, 2020, 654 pages.


Une réponse à « Immortel, mais à quel prix? »

  1. Avatar de Que veut la Chine? – Le site de Carmen Robertson

    […] Immortel de Dos Santos faisait frémir par les perspectives de la perte de contrôle sur l’Intelligence […]

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