Sur pied de guerre

Depuis quelques semaines déjà, des bruits de bottes résonnaient sur les trottoirs malgré les tapis de feuilles. Ça s’en venait. On le savait. Ce n’était pas la première fois que nous serions assaillis, ni la dernière. Et je songeais comme nous avions acquis une étrange résignation, une sorte de fatalisme envers l’envahisseur. L’air morne, les gens se préparaient. On renforçait les défenses ici, on montait des abris là. On camouflait, barricadait. Il me semble que les épaules insolentes hier encore s’étaient affaissées, masquées elles aussi. On flânait moins dans les rues, on hâtait le pas. Il y avait tant à faire et on ne voulait pas être surpris par l’ennemi, comme ça, dehors, sans défense. Et comme pour amplifier l’atmosphère sinistre, les arbres nus et griffus chassaient les oiseaux et un petit vent aigre balayait les feuilles racornies. Des nuages comme barbouillés de suie et chargés de plomb couraient sur la ligne d’horizon. Ça grondait au loin. La catastrophe était imminente.

Et ce matin, les rues étaient désertes. Nous étions cernés. La première neige était tombée.

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