Mode d’emploi pour un meurtre

Huit crimes parfaits n’est pas, à mon avis, un grand roman policier, mais il constitue quand même un bon divertissement. Le roman policier peut-il prétendre d’ailleurs à être autre chose qu’un divertissement? Parfois, oui. Je pense à ceux de Henning Mankell, par exemple. Mais bon… L’originalité de celui-ci est de s’appuyer sur la littérature du genre pour construire l’intrigue. Ce roman constitue donc un bon programme de lectures pour les amateurs de meurtres et mystères.

Le FBI s’intéresse à un libraire ayant publié, sur le blogue de sa librairie spécialisée dans le roman policier, la liste de huit romans décrivant des crimes parfaits. Or il semble que certains meurtres non élucidés soient inspirés du mode d’emploi décrit par les auteurs des romans en question. Tandis que le FBI mène son enquête, le libraire se livre à ses propres investigations, notamment pour empêcher le tueur de faire d’autres victimes. Comme dans tous bons romans policiers, les personnages ne sont pas toujours ceux qu’ils prétendent être, nous réservant une conclusion inattendue.

J’entrai dans la maison et frappai à nouveau avec le pied-de-biche, mais Chaney interposa son bras charnu, bloquant facilement mon attaque avant de m’envoyer un coup de poing dans l’épaule. À défaut de me faire mal, le coup de déséquilibra et Chaney en profita pour me foncer dessus, m’empoigna par ma veste de survêtement et me plaqua contre le mur. Je sentis quelque chose – sans doute une patère – me rentrer dans l’omoplate. Du sang chaud jaillissait du nez de Chaney, me giclant au visage. Une réminiscence – sans doute tirée d’un roman de Ian Fleming – traversa alors mon esprit paniqué: levant le pied droit, j’écrasai le pied de Chaney sous ma lourde botte. Il poussa un gémissement en relâchant sa poigne et m’entraîna dans sa chute. Je m’écroulai sur lui au bout de quelques pas dans un bruit de craquement. Son visage se crispa et sa bouche s’ouvrit et se referma comme un poisson hors de l’eau. Je me relevai, le temps de poser mon genou contre sa poitrine, puis pesai à nouveau contre lui. p. 132

Peter Swanson, Huit crimes parfaits, Totem, 2022, 331 pagea

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s