Difficile de trouver de l’information sur James Webb, auteur de l’excellent roman L’empereur et le général. Et pour cause, il s’est fait voler la vedette par le célèbre télescope, sans compter un homonyme politicien. Tout ce que j’ai trouvé à son sujet (je n’ai pas cherché très longtemps, je l’avoue), c’est le bref résumé qu’on trouve en quatrième de couverture. James Webb est avocat et journaliste. Ses reportages sur la guerre du Liban ont obtenu un Emmy. Il a travaillé pour la Défense et la Marine américaines. Voilà pour l’auteur.
Le propos
Le roman pour sa part est l’œuvre d’un homme érudit, qui a fouillé son sujet, et qui sait transcrire avec brio ses connaissances dans une histoire complexe et pourtant compréhensible.
L’histoire est racontée par Jay Marsh, un capitaine américain dans la jeune vingtaine. Le jeune homme arrive sur la scène du conflit alors que s’achève la guerre du Pacifique. Sa connaissance du japonais, acquise auprès d’une petite amie, en Californie, et peaufinée dans les écoles de langue, lui vaudra d’être rattaché au service du célèbre général MacArthur, en voie de reconquérir le terrain perdu en Asie. Et voilà que deux bombes atomiques mettent brutalement fin à cette guerre. MacArthur, tel un empereur, s’installe à Tokyo pour assurer la transition d’un Japon traditionnel à un pays démilitarisé et occidentalisé. Jay, petit gradé sans importance, sera son oreille et parfois l’exécuteur de ses basses tâches. Tout en devenant un redoutable négociateur, le jeune homme fera l’expérience d’un grand amour. Tant son rôle auprès de MacArthur que son expérience des femmes ne seront pas sans le marquer et lui faire perdre son innocence.
Ce roman, c’est d’abord toute une leçon d’histoire sur la manière dont s’est terminée la Deuxième Guerre mondiale, sur l’impérialisme des Américains, sur la culture japonaise, sur les conséquences à court terme de la défaite nipponne pour ce pays à la culture millénaire. C’est aussi la maturation accélérée d’un jeune homme confronté à des défis moraux et au devoir d’obéissance. C’est enfin une belle et tragique histoire d’amour.
L’échantillon
MacArthur avait vu la scène. Et il contenait mal un mince sourire d’appréciation. Il était en train de devenir un personnage immensément populaire au Japon. Le moindre mot qu’il prononçait en public était publié in extenso dans les journaux japonais. En théorie, son nom était maintenant connu de tous ici, et synonyme d’espoir pour le futur. Des femmes donnaient même son prénom à leur bébé. Certaines lui écrivaient pour lui demander d’être le parrain de leur prochain enfant. Des groupes d’écoliers apparaissaient parfois comme par magie au coin des rues du quartier, et agitaient les deux drapeaux américains et japonais réunis dans une main. (p. 213)
L’empereur et le général est une lecture consistante et passionnante.
James Webb, L’empereur et le général, Robert Laffont, 2000, 508 pages